Grève nationale - Le "désarroi" et la "colère" des Greffiers au Tribunal d'Avesnes-sur-Helpe

Un cercueil sur le parvis du Palais de Justice d’Avesnes-sur-Helpe mais aussi un squelette et des codes du travail jetés à ses pieds par les Fonctionnaires de greffe du Tribunal judiciaire d’Avesnes-sur-Helpe et du Tribunal de proximité de Maubeuge. Journée de grève nationale des greffes aujourd’hui, au premier jour d’examen du projet de loi Justice à l’Assemblée Nationale.

Il est à 13h30 à Avesnes quand la cérémonie funéraire commence, le symbole d’une « Justice qui meurt à petits feux », selon Adrien Perus, Greffier Référent au Tribunal judiciaire d’Avesnes au Service d’Accueil Unique du Justiciable (SAUJ), binôme au Bureau du Traitement en Temps Réel (TTR) et au Bureau d’Exécutions des Peines (BEX).

 

La grille indiciaire, « la goutte d’eau qui fait déborder le vase »

Les Greffiers, les oubliés de la Réforme de la justice, ils s’opposent au projet de nouvelle grille indiciaire proposée par la Chancellerie. Une grille qui selon le greffe, le désavantagera sur les qualifications et sur les salaires, alors que la profession endure une surcharge de travail chronique. Elle a supporté jusqu’aujourd’hui, un manque de moyens humain et financier. Cet après-midi, les Fonctionnaires de greffe, ils sont une soixantaine, soutenus par les Avocats et Magistrats, sont sortis de leur silence et ont exprimé en discours et en chanson « leur désarroi, leur colère ». Ils dénoncent « le mépris dont ils sont régulièrement victimes, fautes d’être considérés, faute d’être entendus, faute d’avoir les moyens de travailler correctement ».

Ecoutez l’interview d’Adrien Perus, Greffier Référent au Tribunal judiciaire d’Avesnes au Service d’Accueil Unique du Justiciable (SAUJ), binôme au Bureau du Traitement en Temps Réel (TTR) et au Bureau d’Exécutions des Peines (BEX) :

 

Les Greffiers ont chanté sur le parvis du Palais de Justice, la chanson de Juliette Armanet "Dernier jour du disco" qu'ils ont revisitée et intitulée "La nouvelle grille indiciaire" :

Ce que dénonce et ce que réclame le greffe

Dans une motion datée de vendredi, les Fonctionnaires de greffe ont fait état de « la dégradation continue [de leurs] conditions de travail […] qui conduit à un épuisement, un agacement et à la démotivation des agents entraînant une souffrance au travail de plus en plus insupportable » ; ils déplorent « un manque de considération, un manque de reconnaissance statutaire et indemnitaire de l’ensemble des Fonctionnaires de greffe par le Ministère de la Justice » ; ils dénoncent « le gel récurrent du point d’indice » et « les grandes annonces du Ministre de la Justice octroyant une revalorisation salariale importante en faveur des Magistrats, sans annonces équivalentes pour les Fonctionnaires de greffe » ; ils déplorent « de devoir en permanence appliquer, du jour au lendemain, des réformes d’envergure sans recevoir ni formation, ni mise à jour des logiciels métier, ce qui désorganise complètement les services de greffe » ; ils dénoncent « le non-respect de la circulaire Lebranchu qui précise que le temps d’audience est de 6 heures maximum ».

Le Collectif de Fonctionnaires de greffe du Tribunal judiciaire d’Avesnes-sur-Helpe réclame une revalorisation statutaire et salariale et rejette « tout projet de réforme de la grille des Greffiers avec reclassement à indice majoré immédiatement égal ou supérieur, niant ainsi toute reconnaissance de l’ancienneté et qui rendrait impossible tout détachement vers d’autres ministères ».

 

Delphine Hernu