Le bilan des Nuits secrètes : un record d’entrées payantes, des malaises, des têtes d’affiches qui assurent, nos coups de cœurs et les points à améliorer...

25 juillet 2023 à 14h15 par La rédaction

Pas d’incident majeur à déplorer et un nouveau record à 58 000 entrées payantes : cette 21ème édition du festival aulnésien s’approche petit à petit de son réel record fixé à 68 000 spectateurs comptabilisés sur 3 jours. C’était en 2015, lorsque l’accès au festival était encore en grande partie gratuit ! On rappelle qu’il s’agit d’une addition des 3 jours de festival, le détail des festivaliers venus 2 ou 3 jours n’a pas été précisé par les organisateurs. Vous êtes nombreux à nous le souligner et nous vous le confirmons, ces derniers sont bel et bien compatibilisés 2 ou 3 fois, comme pour tous les festivals ou évènements qui se déroulent sur plusieurs jours…



Alors que retenir de cette édition 2023 ? Un sentiment que le site est devenu presque trop petit, samedi et surtout dimanche soir... Les organisateurs ont d'ailleurs été contraints de fermer la billetterie dès 19h. L’Eden a aussi débordé et son accès a été bloqué, pour le concert de Lorenzo, qui aurait largement mérité d’être sur la grande scène. De nombreux fans se sont très vitre retrouvés compressés, ce qui a entrainé des évanouissements, une bagarre et un blessé léger…


Autre malaise, la venue de Lomepal contestée par quelques festivaliers qui n’ont pas hésité à brandir des pancartes du style « Agresseur sexuel ? Pas ici ! », après les accusations d’une journaliste indépendante, Jenna Boulmedais, qui a dénoncé mercredi des « gestes déplacés et non désirés » de Lomepal envers plusieurs femmes, des faits qualifiés d’agressions sexuelles.



1er soir : une Angèle pétillante et beaucoup de bienveillance


La première soirée des Nuits secrètes, avec Angèle en tête d’affiche, s’était bien déroulée, dans une ambiance bon enfant. Il y avait beaucoup de bienveillance, de tolérance et du respect entre spectateurs. Autres bons points, il y avait du monde, mais pas trop. Ce fut à mes yeux la soirée idéale, la plus agréable du festival, avec relativement peu d’attente pour la restauration et la buvette, du choix dans les menus, des navettes pour rejoindre les parkings…



Côté musique, Gazo et Aimé Simone ont confirmé leurs statuts d’artistes à suivre… Le groupe « La Femme » n’a pas déçu, mais Angèle était bien au-dessus du lot. Elle était pétillante et au top de sa forme. Il a fait le show avec un spectacle très abouti et enthousiasmant. Très chaleureuse et en communion avec son public, Angèle en a profité pour faire passer quelques messages et pour célébrer comme il se doit la fête nationale Belge.



2ème soir : des festivaliers fatigués et moins respectueux


La deuxième soirée des Nuits secrètes a été moins agréable à vivre. Il y avait plus de monde ce samedi soir. Beaucoup de jeunes de Lille, Valenciennes, mais bizarrement, en réalisant mon micro-trottoir, j’ai eu beaucoup de difficultés à trouver des jeunes et des habitants de la Sambre-Avesnois-Thiérache… En tous cas, il ne semblait pas majoritaire à ce moment-là… Les spectateurs étaient beaucoup moins bienveillants et respectueux les uns envers les autres... Ils étaient nombreux à foncer dans la foule et à bousculer les spectateurs, sans faire attention également aux personnes allongées par terre et circulant avec des béquilles…



Côté ambiance, les spectateurs ont eu un plus de mal à se lâcher que la veille au soir. Même avec les artistes de la scène électronique, j’ai déjà connu aux Nuits secrètes un public plus réceptif… Mention particulière néanmoins à Jaïn qui a bien senti le public et qui a parfaitement réussi à nous réveiller, nous secouer, nous faire chanter et danser. C’était un concert participatif avec une Jaïn très généreuse. Le meilleur moment de la soirée… Elle était légère, sautillante et heureuse d’être sur scène. C’était un vrai partage, sincère et contagieux ! Bravo l’artiste !


Les autres artistes ont proposé des shows très aboutis et très travaillés visuellement parlant. C´était propre, parfois poétique, carrément impressionnant pour Vladimir Cauchemar (le meilleur concert aux yeux de mon collègue Thibaut Paquit)...


Mon coup de cœur de cette deuxième soirée : Ben Höhmer ! Avec son électro, il a réussi à nous faire voyager et à nous transporter très loin. C´était mélodieux, de belles lumières et très pausé en même temps. Petite déception pour The Blaze. C´était propre, ils ont fait le job, mais il manquait cette communion avec le public et ce petit quelque chose qui fait toute la différence. 



3ème soir : des Nuits secrètes qui font le plein !


Côté musique : on retiendra la belle prestation de Lomepal. Il a fait preuve d'une bonne communion avec son public. Du vrai son, du live, pas de play-back..., bref rien à redire. D’ailleurs, les 3 têtes d'affiche (Angèle, Jain et Lomepal) n'ont pas déçu leur public. De son côté, Lorenzo a mis le feu à l’Eden. Ce n'est pas mon style, mais ses fans ont adoré, peut-être même un peu trop d’ailleurs. Disons qu’il fallait éviter d’être devant pour ne pas être écrasés par une foule trop compacte (quelques malaises et une bagarre à déplorer).


Auparavant, il y avait un petit moment de calme et de mélancolie heureuse sur la grande scène avec Pomme fidèle à elle-même. A mes yeux, elle avait plus sa place à l'Eden ou sur un parcours secret… Mon coup de cœur de cette 3ème soirée ira à Zaoui, l'ex-chanteur du groupe Thérapie Taxi, qui a aujourd'hui pris son envol et qu'il faudra suivre de très près dans les années à venir !



Les points à améliorer


Alors oui, tout n’est pas parfait pour ces Nuits secrètes victimes de leur succès : le site semblait trop petit dimanche. A certains moments, comme pour Lomepal, on aurait par exemple apprécié des écrans géants pour mieux voir les artistes… Il manquait aussi des bancs et des tables pour se poser ou éviter de se faire percuter par des festivaliers la tête en l’air. Des sanitaires côté Eden et à l’Oasis auraient aussi été les bienvenus. Le gros point noir à revoir : beaucoup de personnes se sont pris les pieds dans les tapis mal fixés au sol ou mal éclairés la nuit (moi le premier)…


Côté prix, ça devient un luxe de boire une bière ou des jus locaux, même avec modération... Heureusement, il y avait de l´eau en accès libre et gratuit… Les responsables des foodtrucks n'avaient pas augmenté leurs prix, mais les portions étaient plus petites et moins fournies que les années précédentes. Notre petit conseil pour l’an prochain : mangez en ville, c’est moins cher, vous en aurez plus dans votre assiette et les commerçants seront heureux de vous accueillir !



Autre problème : venir en train au festival quand on habite Jeumont, Maubeuge, Avesnes, Fourmies ou Hirson, autant vous dire que c’est impossible ! J'ai testé, c'est une vraie galère. Pas de train de retour le soir ou la nuit comme pour les lillois et les valenciennois. Dimanche matin, il fallait presque attendre midi pour rentrer à Fourmies. Il n'y avait pas de système de covoiturage, ni de navette en bus proposé pour les locaux... Là-aussi, c’est un point à améliorer pour limiter l’usage de la voiture, permettre à des jeunes (et moins jeunes) de venir au festival en toute sécurité et régler au passage quelques problèmes de stationnement dans Aulnoye-Aymeries.  



Au-delà de ces quelques remarques négatives, mais constructives, à prendre en considération pour continuer à progresser et à améliorer l’accueil des festivaliers, pour celles et ceux qui ont pu approcher leurs stars ou qui avaient les moyens de s’offrir un tel week-end, l’utopie des Nuits secrètes a plutôt bien fonctionné. J'en ai rencontré des milliers de festivaliers heureux de pouvoir se lâcher, de faire la fête, de chanter et de danser jusqu’au bout de la nuit ! Le bonheur de se retrouver, de partager un bouillon de culture, de découvrir les talents de demain, de vivre une expérience et d’engranger des bons souvenirs, c'est ça aussi les Nuits secrètes. 


Pour terminer, au-delà des petits bobos et de quelques attitudes regrettables, nous pouvons être fiers de cet événement, qui a désormais toute sa place dans la calendrier national des festivals et qui attire des visiteurs de toute la France (j’ai rencontré beaucoup de lillois, des parisiens, des bretons ou même des alsaciens...) et de Belgique. C’est bon pour l’économie locale et le tourisme. Cela donne d’Aulnoye-Aymeries l’image d’une ville dynamique et culturellement parlant avant-gardiste. Un grand bravo aux 700 bénévoles qui donnent un joli coup de main aux salariés des nuits secrètes. Nous pouvons être fiers de ce que sont devenues nos « Nuits secrètes »…, alors rendez-vous en 2024 pour vivre de nouvelles aventures ! 



Par Paul Schuler / Photos : Paul Schuler, Thibaut Paquit + Caroline Coolen, Inès Ziouane et Sarah Bastin pour les Nuits secrètes