Le Lauréat demande sa réintégration à l'Education Nationale

Combien sont-ils ces lauréats des concours de l’enseignement 2020 qui n’ont pas pu répondre à leur avis d’affectation à la rentrée, faute de temps et qui se retrouvent sur la touche ? La pandémie du Covid-19 a retardé considérablement les épreuves, les candidats, futurs Professeurs-Stagiaires n’ont eu que 2-3 semaines pour déménager au lieu de 2 mois d’ordinaire. C’est le cas de Romain Caudron, de Berlaimont, originaire d’Aulnoye-Aymeries. Il passe 11 ans aux Pays-Bas en tant que Rédacteur, Traducteur, Steward aussi, il conforte son bagage d’un Master 2 qu’il obtient à Paris III en 2017, avant une reconversion professionnelle pour vivre de sa passion, les lettres.

 

Calendrier modifié en raison de la pandémie

Romain Caudron a 38 ans. Il sait depuis toujours qu’il veut être Professeur. A son retour en France, il s’inscrit au concours du Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement du Second degré (le CAPES) de Lettres Modernes qu’il prépare depuis des années avec « une discipline chevillée au corps », explique-t-il.

Mi-mars, au début du confinement, il apprend par courriel que le concours est reporté. Mi-juin, il reçoit sa convocation pour les épreuves écrites d’admission, elles se déroulent les 8 et 9 juillet.

Fin juillet, le candidat reçoit les résultats du concours, le CAPES en poche, il deviendra en septembre, Professeur-Stagiaire pendant une année, avant sa titularisation.

Début Août, il reçoit son avis d’affectation, Romain est affecté en Occitanie à Toulouse, pour une prise de poste le 1er septembre après une semaine de formation sur place.

 

« Vous avez l’impression de prendre des sens interdits à chaque fois »

L’Occitane ne faisant pas partie de ses 6 vœux d’affectation, il dépose un recours. Recours rejeté par l’Education Nationale. Il se met alors en quête d’un logement à Toulouse. Le Sambrien a suivi sa formation avec Pôle Emploi, ses revenus sont faibles, il n’a pas de voiture, ses recherches de logements sont infructueuses, pas de garant, il est stagiaire et pas contractuel, il tente les logements étudiants, les logements de fonction de l’établissement qui doit l’accueillir, l’internat et se retrouve à la rentrée sans solution d’hébergement.

 

Des offres de postes dans l’Aisne et la Somme

Romain Caudron reçoit deux offres d’emploi, envoyées par Pôle Emploi pour des postes de Professeurs de lettres modernes dans la Somme et dans l’Aisne à une trentaine de kilomètres de son domicile. « La belle aubaine », Romain se porte candidat. Candidature rejetée, « on me répond que ce n’est pas possible, les postes de stagiaires sont déjà attribués mais j’ai la possibilité de postuler en tant que Professeur contractuel. Je ne suis pas contractuel, je suis titulaire du concours […]. Pour pouvoir postuler en tant que contractuel, il faut être libre de ses engagements vis-à-vis de l’Education Nationale, ce qui veut dire qu’il faut démissionner. »

 

« Je me suis senti piégé »

Pas le choix que de démissionner. Il adresse par mail, sa lettre de démission au Recteur de l’Académie de Toulouse. Sa démission est acceptée, son CAPES de Lettres Modernes invalidé. « J’ai perdu tous mes droits », « c’était mon outil de travail », « la réussite de ce concours, ce sont des années de travail et de sacrifices ».

 

« Je n’accepte pas que mon destin soit pris en charge par un ordinateur »

« C’est injuste » répète Romain Caudron qui cherche la cohérence du système d’affectation et de recrutement, « sur l’impossibilité à l’être humain de modifier quoique ce soit » ; pourquoi affecter le lauréat à 800 kms, alors qu’il manque d’Enseignants dans sa région ? Pourquoi le Ministère de l’Education Nationale n’a pas anticipé les difficultés de recherche de logement des lauréats dans ce laps de temps en période pandémique où les français étaient invités à limiter leurs déplacements, à privilégier les séjours touristiques régionaux ? Pourquoi à situation exceptionnelle, n’a-t-il pas mis en place des mesures exceptionnelles pour les lauréats ?

 

Un Collectif en cours de création à Aulnoye-Aymeries

« J’espère que l’Education Nationale réintégrera tous les lauréats qui ont été contraints de démissionner, c’est du gâchis et ce sont les enfants qui en pâtissent parce que justement, il manque des Professeurs. C’est kafkaïen ! » Romain Caudron est soutenu depuis cet été par Bernard Baudoux, le Maire d’Aulnoye-Aymeries, Ancien Vice-Président au Département du Nord en charge des Collèges qui souhaite créer un collectif de Professeurs-stagiaires mis sur la touche, pour faire bouger les lignes.

 

En France cette année, 256 377 candidats ont passé les concours de l’enseignement (CAPES, Agrégation, concours de Professeurs des écoles), avec un calendrier et des modalités d'organisation modifiés et adaptés à la situation sanitaire de l'épidémie du Coronavirus.

Ecoutez l'interview Long Format de Romain Caudron, L'Invité de la Rédaction aujourd'hui à 12h30 et 19h sur Canal FM