Réfugiées d’Ukraine, rencontre constructive à la médiathèque de Sains-du-Nord

18 mai 2022 à 6h00 par La rédaction

Elles sont arrivées d’Ukraine début mars pour les premières, avec leurs enfants ou leur mère, une dizaine de réfugiées ukrainiennes vit aujourd’hui dans le Cœur de l’Avesnois dans des familles accueillantes, à Prisches, Cartignies, Avesnelles, Floyon, Sémeries ou encore Beaurieux, Solre-Le-Château.


Pour leur permettre de se retrouver, la Communauté de Communes Cœur de l’Avesnois a organisé une première rencontre. Mercredi dernier, à la médiathèque de Sains-du-Nord, pendant que les mères de famille ukrainiennes discutent autour d’un jus de fruits côté médiathèque, les enfants qui ne sont pas encore scolarisés, jouent côté ludothèque.


Le jeu pour créer du lien


Dasha marche à peine, elle joue à la dinette, sous l’œil bienveillant de sa grand-mère Tatiana. Nadia, 7 ans, suit les cours en ligne avec son école en Ukraine chaque jour de 7h30 à 12h. Sa Maman tient à ce qu’elle garde ce lien jusqu’à la fin de l’année scolaire. Cet après-midi, elle joue avec Antoine et Marie, Animatrice à la 3CA, assistés de l’indispensable Google Traduction car Nadia ne parle pas anglais.



Sur la table voisine, Virginie, fidèle adhérente de la ludothèque et Corine, Animatrice :



 




Parole libre au milieu des livres


La réunion commence, les femmes réfugiées sont heureuses de cette rencontre, renouvellent leurs remerciements, les questions sont immédiates :


Où peut-on apprendre le français ? Comment s’y rendre ? Elles veulent apprendre le français et travailler comme en Ukraine où elles étaient Coiffeuse, Agent Administratif ou encore Graf-designer, Commerciale dans le secteur de la menuiserie. La mobilité, les démarches administratives, le manque d’informations centralisées, les sujets foisonnent, en quête de solutions, de pragmatisme.


 


Rencontre et témoignages


Elles ne sont pas nombreuses à accepter de répondre à une interview à notre micro et la barrière de la langue n’est pas la seule raison. Marissa et Irina acceptent de partager un morceau de leur histoire en veillant à taire la situation de leurs proches restés en Ukraine.


 


Mère et fille auraient dû se retrouver en avril dernier


Marissa est arrivée d’Ukraine le 16 mars dernier, dans un bus bondé, un long voyage pénible, pour elle et sa mère, souffrante. Leur ville, Soumy, au Nord de Karkhiv et à 30 kms de la frontière avec la Russie, 259 660 habitants en 2021, n’a pas été épargnée par les bombes et ce, dès le 24 février dernier avec la Bataille de Soumy.


Ecoutez l’interview de Marissa (traduction Irina) :



Aujourd’hui, elles sont hébergées à Cartignies chez une Amie. Marissa cherche à exercer son métier de Graf-designer en France, même en télétravail, explique-t-elle car la mobilité est pour le moment encore un frein, elle dépend essentiellement des bénévoles pour le transport. Marissa, arrivée avec une petite valise, espère retrouver sur le sol français ou européen, sa fille qu’elle n’a pas vue depuis 4 ans ; partie à Dubaï pour travailler, son retour en Ukraine a d’abord été empêché par la pandémie de la Covid-19 et depuis février dernier, par la guerre avec la Russie.


 


Irina, le retour d’une « enfant de Tchernobyl »


Partie du Nord de l’Ukraine de la ville de Tchernigov, 286 400 habitants en 2020, Irina est arrivée en France le 9 mars, avec ses deux enfants, âgés de 14 et 9 ans. Tout au long de cette première rencontre à Sains-du-Nord, Irina assure la traduction. Elle doit la qualité de son français à son lien fort et durable avec sa famille de cœur à Beaurieux : « je suis une enfant de Tchernobyl ! Depuis toute petite, je venais tous les étés » et quand la guerre a éclaté, c’est chez elle qu’Irina et ses enfants ont trouvé refuge.


Ecoutez l’interview d’Irina :



En Ukraine, Irina tenait un salon de coiffure, aujourd’hui elle recherche activement un emploi de Coiffeuse dans l’Avesnois parce que « j’ai été habituée à travailler toute ma vie ».


Aujourd’hui, elle occupe un logement social à Solre-Le-Château, aménagé par la ville, meublé par les habitants. Irina ne s’attendait pas à une telle générosité : « ils ont fait tout ce qu’il faut, même acheté l’alimentaire, tout était dans le frigo, dans les armoires ! Chaque jour, les gens frappent à la porte pour ramener le gâteau, les fleurs, un chèque pour acheter la viande », explique la très reconnaissante et encore surprise mère de famille qui ne sait plus comment remercier les habitants et la commune de Solre-Le-Château, « c’est incroyable, Merci beaucoup ! »




 


Des familles accueillantes et la 3CA, mobilisées


Annick de Sémeries accueille une dame et sa fille de 7 ans et Marilyne de Beaurieux, accompagne Ira et ses deux enfants. Pour faire aboutir des demandes administratives, Annick a parfois passé « au moins deux heures par jour au téléphone parce que tout est en train de se mettre en place pour les ressources, des aides, le logement » ; « l’Association France Horizon serait a priori garant pour avancer la caution pour le logement mais elle n’existe pas encore à Avesnes » ; une réunion devait se tenir vendredi entre la ville d’Avesnes, le Bailleur social Partenord et France Horizon qui est mobilisée dans plusieurs régions de France dont les Hauts-de-France sur la mobilisation de places en appartements dits « diffus ».


Ecoutez l’interview d’Annick et Marilyne :



Les familles avesnoises notent que les démarches administratives sont centralisées en Préfecture à Lille, elles préféreraient se rendre en Sous-Préfecture à Avesnes-sur-Helpe, elles suggèrent qu’un référent ou un service à l’échelle de la Communauté de Communes Cœur de l’Avesnois centralise et coordonne toutes les informations et les contacts liés à l’accueil des réfugiés ukrainiens. Autres idées lancées au fil de la rencontre conviviale : créer une cagnotte ou un collectif pour une aide à la démarche, pour ne pas s’épuiser individuellement, pour construire un projet positif », organiser le covoiturage.


Laetitia Monnier, Directrice Générale Adjointe pour l’animation territoriale à la 3CA est à l’écoute des besoins et des demandes, elle annonce la mise en place d’un minibus pour faciliter les déplacements jusqu’au lieu des cours de français, sans doute l’association Mots et Merveilles à Aulnoye-Aymeries.


Prochaine rencontre dans une huitaine de jours avec cette fois, la présence d’une Assistante sociale.  


 


Delphine Hernu