Mobilités régionales - Retour sur la concertation des usagers

Publié : 21 mai 2024 à 6h00 par Delphine Hernu

Comité des usagers

Retour sur le Comité d’usagers 2024 sur le bassin de mobilité Hainaut Cambrésis Thiérache, l’une des étapes de la grande concertation régionale des voyageurs, engagée par la Région Hauts-de-France avec ses partenaires SNCF Réseau, SNCF TER Voyageurs TER Hauts-de-France ou encore Hauts-de-France Mobilités. Objectif : présenter l’offre de transport régionale (TER, cars interurbains), identifier et répondre aux besoins, aux attentes et difficultés, exprimés par les usagers. Ils étaient une trentaine, mercredi dernier à la salle des fêtes Les Ecuries à Avesnelles, ville symbole du désenclavement de l’Avesnois, avec le pont-rail sorti de terre l’été dernier, premier ouvrage d’art du futur contournement d’Avesnes et de la RN2 en 2x2 voies.

 

« 30 minutes d’attente, ça fait beaucoup »

Dans la salle, Marie. Elle a deux ados au lycée Dupleix à Landrecies, l’un d’eux, explique-t-elle, subit 30 minutes d’attente sur la ligne 987S, depuis que le car de 16h30 a changé d’horaire il y a deux ans, « sans comprendre pourquoi ». « 30 minutes, ça fait beaucoup, on va regarder ça, on reviendra vers vous Madame », répond Christophe Coulon, Vice-Président de la Région Hauts-de-France en charge des Mobilités, des infrastructures de transport et des ports.

 

L’écluse qui fait barrage aux vélos à Landrecies

Sur l’écomobilité Vélo, Marie lance l’idée de créer « des arrêts de bus où les scolaires se rendent à vélo », elle signale aussi que « l’écluse des Etoquies/Landrecies a des marches », un obstacle de taille sur le chemin de halage de la Sambre canalisée, bien fréquenté par les vélos. « La question de l’accessibilité des écluses par les vélos, relève des discussions avec les Voies Navigables de France, je n’ai pas de réponse pour le moment », répond l’élu régional.

 

La desserte de cars à Avesnelles

Les échanges directs et cordiaux se poursuivent : « pourquoi il n’y a pas plus de bus qui s’arrêtent à Avesnelles, au centre du village ? » Réponse d’Alexandre Crignon, Responsable d’exploitation du Réseau Arc-en-Ciel 4 : « une étude sur le réseau sera engagée à partir de septembre sur la ligne 952, le centre d’Avesnelles sera desservi ».

 

Les travaux sur la ligne Laon-Hirson

« Pourquoi il n’y a pas plus de trains qui s’arrêtent à Avesnelles ? » Réponse d’Arnaud Quillet, Directeur de lignes TER Lille Avesnois chez SNCF Voyageurs TER Hauts-de-France : « la desserte est un peu réduite en raison des travaux sur la ligne Laon-Hirson ; la ligne est fermée pour permettre de régénérer 70 kms de lignes, on refait les traverses, les rails, le ballast ». Réouverture de la ligne Laon-Hirson, début 2027, soit 2 ans de travaux pendant lesquels les usagers empruntent des bus de substitution.

Christophe Coulon
Christophe Coulon

Le train de 6h53 en gare d’Avesnes-sur-Helpe

Rachel emprunte, elle, chaque jour le train de 6h53 en gare d’Avesnes-sur-Helpe, « j’arrive à Lille vers 8h05. Il n’y a plus le train de 6h33, donc impossible d’arriver au travail à 8h, pareil pour les étudiants qui du coup doivent prendre le train de 5h35. Ça fait des journées vraiment à rallonges ». Réponse de Christophe Coulon : « Vous êtes à l’extrémité de la ligne des intérêts contradictoires de l’autre bout de la ligne », « on doit avoir une clause de revoyure pour voir comment on peut réajuster, vers 2026 ». Rachel qui note aussi la suppression régulière du train de 6h53 le lundi en particulier. « Ce type de trains Chrono 902 fait partie des trains qui ont une fragilité sur la régularité », justifie Arnaud Quillet. En somme, plus la distance est longue, plus il y a d’aléas possibles.

Arnaud Quillet
Arnaud Quillet

« C’est vrai qu’on revient de loin »

SNCF Voyageurs bosse dur pour remonter la pente », explique Christophe Coulon, « on s’est beaucoup engueulé, on peut le dire », glisse l’élu régional. Le Covid, deux ans sans recrutement ni formation, une période difficile mais depuis, « 30 conducteurs ont été recrutés sur Valenciennes et l’Avesnois, « on a divisé par deux les suppressions de trains depuis un an », le matériel roulant sera renouvelé », se satisfait Arnaud Quillet.

Arnaud Quillet
Arnaud Quillet

Transport à la demande « Avesnois Mobilités », vers sa généralisation

Dans la salle mercredi soir, le CLIC Sambre Avesnois intervient : « la mobilité pour les seniors devient compliquée, moi j’ai des idées mais pas l’argent ! Je pense à un transport à la demande Seniors, à des navettes car accéder à un arrêt de bus, c’est pas évident ».

Réponse de Hauts-de-France Mobilités dont l’élu fourmisien Benoît Wascat est vice-président et président de la Commission Transport à la demande : 6 ans après son lancement dans le Sud Avesnois, le Transport à la demande « Avesnois Mobilités » sera généralisé à la Région Hauts-de-France avec un tarif unique à partir de janvier prochain, c’est l’objectif ; 9 collectivités se sont montrées intéressées jusqu’à présent, Hauts-de-France Mobilités a lancé un marché public auprès des transporteurs.

« Avesnois Mobilités » ? Un service de transport sur réservation pour un rendez-vous emploi, formation ou santé, avec une desserte d’arrêt de car en arrêt de car ou en porte-à-porte pour les plus de 75 ans ou encore jusqu’au pied de l’établissement de soins pour les usagers qui ont un problème de santé. Dans le Sud Avesnois, il doit son « franc succès » à son prix attractif et ses horaires larges (5h-21h). Un millier de personnes l’utilise régulièrement, ce sont 20 000 réservations l’an dernier, 60 000 trajets depuis 2018 soit 168 000 kms parcourus pour lever les freins à la mobilité.

Comité des usagers

« Son nom de code : LSA »

C’est le projet Lille Sambre Avesnois, il vise à renforcer la liaison entre la capitale régionale, Lille et le bassin de vie de l’arrondissement d’Avesnes-sur-Helpe, en augmentant le nombre de trains et le confort des lignes. Le projet intègre une grande concertation des voyageurs l’automne prochain avec des réunions publiques et des espaces dédiés dans certaines gares des Hauts-de-France.

 

Ecoutez l’interview, accessible en PodCast, de Christophe Coulon, Vice-Président de la Région Hauts-de-France en charge des Mobilités, des infrastructures de transport et des ports :

Christophe Coulon
Crédit : Delphine Hernu

L’intermobilité, train, vélo, trottinette

« Est-ce qu’il y a une anticipation des besoins sur les mobilités douces ? » demande un usager qui constate un manque de place dans les rames avec des vélos et des trottinettes de plus en plus nombreux à bord des TER.

Réponse de SNCF Gares et Connexions mercredi soir : « des abris à vélo sécurisés seront installés en fin d’année dans les gares d’Hirson, Cambrai, Valenciennes et d’Avesnes-sur-Helpe avec 10 places. SNCF Gares et Connexions travaille sur des solutions pour libérer les rames des vélos et trottinettes : « on dépose son vélo en gare de départ et on prend un autre vélo en gare d’arrivée, un peu comme en Hollande ».

Arnaud Quillet

Aussi de nouvelles rames commandées par la Région Hauts-de-France, arrivent sur les rails, avec une capacité de 12 vélos par rame au lieu de 5 aujourd’hui, de quoi désencombrer les trains, surtout en heure de pointe.

 

Nouvelles rames sur les rails

Ce mardi en gare de Saint-Quentin, la 19e et dernière rame TER Omnéo, commandée en 2018, sera mise en circulation commerciale par SNCF Voyageurs TER Hauts-de-France et la Région Hauts-de-France. Les nouveaux trains sont déployés sur les lignes très fréquentées entre Paris et Amiens et entre Paris et Saint-Quentin – Maubeuge/Cambrai. Ils ont été fabriqués sur le site d’Alstom à Crespin près de Valenciennes, ils sont « plus performants, plus spacieux, plus accessibles, et offrant un niveau de confort supérieur et des espaces vélos supplémentaires », détaille la Région Hauts-de-France qui a investi au total 309 millions d’euros pour remplacer les anciennes rames CORAIL, matériel arrivé « à la fin de son potentiel d’exploitation ».

Christophe Coulon
Crédit : Delphine Hernu