Gestion des déchets dans le sud-Avesnois : une adhésion au SIAVED « malgré les incertitudes »

7 juillet 2023 à 14h03 par La rédaction

CANAL FM

28 élus du sud-Avesnois sur 38 se sont prononcés en faveur d’une adhésion au SIAVED, le Syndicat Inter-Arrondissement de Valorisation et d'Élimination des Déchets, dont le siège se trouve à Douchy-les-Mines, près de Denain, dans le Valenciennois. D'après Maxence Simpère, le vice-Président du sud-Avesnois en charge de ce dossie, la collectivité est obligée de rejoindre une structure labélisé « Citéo » à compter du 1er janvier 2024 : « nous sommes pris à la gorge » ajoute l'élu fourmisien, car selon lui, « l’entreprise Flamme va perdre son agrément Citéo l’année prochaine, à moins qu’elle réalise les 10 millions d’euros de travaux nécessaires pour installer sa nouvelle ligne de tri ».

Parmi les opposants, outre des élus d’Anor et de Trélon, il y avait surtout en première ligne le maire de Féron, Jean-François Baudry, qui a rappelé que le futur centre de tri du SIAVED ne sera pas opérationnel avant la fin 2024 et qu’avec cette nouvelle structure « le coût du traitement des déchets sera supérieur au minimum de 32,8 % par rapport aux prestations actuelles du groupe Flamme », d’autant « qu’on ne connait pas encore le coût de la construction du futur nouveau centre de tri, que les adhérents au SIAVED devront aussi payer »... A ses yeux, il aurait été donc préférable « de prendre une option comme éventuel client du SIAVED, afin d’éviter d’être pieds et mains liés avec une telle structure affichant une politique financière non-maîtrisée ».

Jean-François Baudry et Joëlle Bouttefeux, la 1ère adjointe au maire d’Anor, ont dénoncé « du flou dans les chiffres annoncés », des « données tronquées » et surtout « beaucoup d’incertitudes ». Pour ces deux élus, « il est trop tôt pour demander un vote d’adhésion au SIAVED, car il manque trop d’informations importantes, comme le montant de la construction du nouveau centre de tri du SIAVED qui pourrait dépasser les 50 millions d’euros selon certains échos, contre 10 millions d’investissements annoncés par le groupe Flamme ».

L'ancien député et actuel maire d'Anor, Jean-Luc Pérat (qui s'est abstenu), regrette lui aussi « qu'avec le SIAVED, le coût du traitement des déchets par habitant passera de 61 à 82 € au minimum, sans tenir compte des investissements à venir ». Interpellé sur ces diverses augmentations, Maxence Simpère a reconnu « que le montant de la facture sera beaucoup plus élevé avec le SIAVED », mais il promet en contrepartie « de nombreux services supplémentaires, comme le traitement du quatrième plastique, la collecte de l’amiante, une amplitude d’ouverture plus importante des déchèteries et la prise en charge du coût du transport des déchets jusqu'à Douchy-les-Mines »…

De nombreux élus, comme les maires d’Ohain et de Wignehies, ont fait comprendre qu’ils n’étaient pas très enthousiastes à rejoindre le SAVIED et qu’ils étaient même « inquiets des conséquences financières pour la collectivités et les contribuables ». Néanmoins, pour Jean-Guy Bertin et Sylvain Oxoby, « maintenant que le SMIA a été dissous, nous n’avons pas d’autres choix que de rejoindre le SIAVED, d’une manière contrainte et forcée, car le Préfet nous a fait comprendre qu’il n’y avait pas d’autre possibilité ». Ils ont donc voté « pour » l’adhésion au SIAVED « à défaut d’avoir une autre solution » et malgré des questions sans réponse...

Quant à Maxence Simpère, il a précisé « qu’en intégrant cette structure, les élus de l’Avesnois auront un certain poids, pour mieux maîtriser à l´avenir les coûts du traitement des déchets ». Au final, l’adhésion au SIAVED a donc été acceptée par 28 « pour », 8 « contre » et 2 abstentions…

Au 1er janvier 2024, la collecte des déchets sera toujours réalisée par le service environnement du sud-Avesnois (en régie), mais le traitement des déchets ménagers et assimilés (qui jusqu’au 31 décembre 2023 est assuré par le centre de tri du groupe Flamme), sera donc confié à un nouveau prestataire, le SIAVED, qui assura une prestation intégrale du transport des déchets au traitement, en passant par les opérations d’enfouissement, d’élimination et de valorisation.

Maxence Simpère reconnait que « si le SMIA s’était mis en conformité avec la loi, dès 2019, via un changement de statuts et un élargissement de ses compétences, afin que les opérations d’incinération et de tri sélectif puissent être exercées dans son intégralité par une seule et même entité juridique », alors « les responsables du SMIAA auraient pu confier la gestion du tri sélectif, via un appel d’offre, à un prestataire privé ou public, proposant le meilleur service au meilleur prix ». Le groupe Flamme et sa filiale « centre de recyclage des vallées » à Hautmont auraient pu alors se positionner et même peut-être remporter ce marché… Mais pour le 1er adjoint au maire de Fourmies « on ne peut pas refaire l’histoire, c’est trop tard » ! Pour une raison que Maxence Simpère ignore : « les élus de 2019 n’ont pas donné de suite favorable à cette étude qui préconisait un tel schéma ». Maintenant que le SMIA est dissous, pour Maxence Simpère, « il est préférable d’être adhérent du SIAVED, plutôt qu’un simple client qui n’aura pas son mot à dire »…

Notez que le président du sud-Avesnois, Mickaël Hiraux, n’a pas pris part au vote, ni même au débat et ne s’exprimera plus sur ce sujet, pour éviter tout conflit d’intérêt, étant dirigeant d’une société spécialisée dans le recyclage des métaux et des cartons. Un huissier de justice était d’ailleurs présent mercredi soir pour s’assurer de la neutralité du maire de Fourmies.

Vers une augmentation de la taxe poubelle dès 2024 ?

Lors de la conférence des maires du sud-Avesnois du mois d’avril un consensus s’était dégagé pour augmenter la « taxe poubelle » (TEOM) à 11,5 %, pour tous les foyers et dès 2024, contre 5,79 % cette année. Une réflexion sur la mise en place d’une taxe incitative sera également étudiée dans les prochains mois. Maxence Simpère rappelle que cette proposition d’augmentation a donc été évoquée bien avant l’adhésion au SIAVED.

Cette future « levée de taxe » devrait permettre de récupérer un million d’euros en « recettes » pour le budget environnement aujourd’hui déficitaire. En effet, chaque année, l’intercommunalité est obligée de ponctionner 1 600 000 € de son budget principal, pour combler le déficit du budget alloué à la collecte et aux traitements des déchets, ce qui limite fortement les capacités d'investissements de la communauté de communes du sud-Avesnois.

>>> Maxence Simpère, le vice-Président du sud-Avesnois en charge du service environnement :

Par Paul Schuler