Le label "Ici je mange local" table sur la restauration collective

8 novembre 2022 à 12h00 par La rédaction

CANAL FM

Le label “Ici je mange local” a été créé en 2017 mais depuis une semaine en Avesnois, les 4 EPCI peuvent décerner la labellisation régionale aux restaurants scolaires et collectifs, engagés dans l’approvisionnement local.

Les cantines labellisées sont repérables grâce au panneau “Ici je mange local”, avec un code couleurs et des étoiles attribuées, d’une à trois selon le niveau d’engagement, avec 20, 40 ou 60 % de produits frais et locaux dans les repas et une distinction Bio dès 20% de produits issus de l’Agriculture Biologique. Ce label a été vitaminé par la loi Egalim et le Programme Alimentaire Territorial Sambre Avesnois qui engage la Communauté d’Agglomération Maubeuge Val de Sambre et les Communautés de Communes Coeur de l’Avesnois, Sud Avesnois et Pays de Mormal mais aussi le Parc Naturel Régional de l’Avesnois.

Avec la signature de la convention, le 26 octobre dernier à Maroilles, ils deviennent Chefs de file pour animer et décerner le label “Ici je mange Local” aux cantines de l’Avesnois. A leurs côtés, la Région Hauts-de-France, le Département du Nord, la Chambre d’Agriculture Nord Pas-de-Calais, APROBIO, la DRAAF.

Un label pour valoriser l’approvisionnement local dans nos cantines ? Un soutien aux Agriculteurs et aux entreprises de transformation. Quels défis ? Quels freins à lever ? Que dire des prix ? Reportage.

 

 “Il aura fallu 5 ans. Ça démontre l’ampleur du travail à faire mais on ne part pas de zéro et pour les Prestataires, c’est la possibilité d’avoir des commandes régulières”, selon Marie-Sophie Lesnes, Vice-Présidente de la Région Hauts-de-France en charge de l’agriculture, l’agroalimentaire et la pêche qui compte plus de 50 % de ses lycées en approvisionnement local : ils sont 122 engagés en 2021, contre 39 en 2017, avec un taux d’approvisionnement en viande qui dépasse les 50 %, contre 5 % auparavant. L’élue quercitaine le rappelle : “il existe déjà des établissements scolaires engagés, des communes et des Producteurs engagés. Ce qui change avec cette convention, c’est l’engagement de l’ensemble des EPCI de l’Arrondissement d’Avesnes” :


Parmi les freins à l’approvisionnement local dans les restaurants scolaires et collectifs : l’organisation, le regroupement de l’offre. “Il faut mettre en adéquation l’offre et la demande, globaliser et massifier”. C’est pourquoi, la Région Hauts-de-France a impulsé le regroupement de la demande sous la forme de marché public, explique Marie-Sophie Lesnes :


Le Label et la convention : “c’est un challenge pour chaque cuisine en gestion directe pour améliorer la pénétration des produits agricoles dans les repas faits, proposés”, explique Laurent Verhaeghe, Premier Vice-Président de la Chambre d’Agriculture Nord Pas-de-Calais, Président du Comité de Promotion et Agriculteur. C’est de mieux en mieux mais “il y a encore du chemin à faire” :


20 % des Agriculteurs sont concernés par le circuit-court mais “ce serait une erreur pour un Agriculteur de travailler uniquement pour la restauration scolaire”, il explique pourquoi :


Pour APROBIO, “le label soutient et sécurise les Producteurs, avec un impact vertueux sur l’économie, la santé”.

Le label “Ici je mange local”, un “outil fédérateur” selon Patrick Bataille, Directeur des Ateliers du Val de Sambre, Association des Papillons Blancs de Maubeuge qui nourrit un projet de légumerie à Maubeuge. Elle pourrait ouvrir dès l’an prochain, si elle obtient un financement public :


“Le label concrétise une démarche mais le premier réflexe qui va revenir, c’est le prix. Il faut donc un challenge”, selon Laurent Verhaeghe :


“Quand on voit le taux de notre pouvoir d’achats qu’on met dans l’alimentation, ça devient ridicule ! Le temps de manger pas cher, est révolu”, selon Laurent Verhaeghe.

“On sait aussi que la mal-bouffe coûte cher, coûte très cher. Il faut apprendre aux gens que c’est moins cher à cuisiner, selon Nicolas Dosen, Président de la Communauté de Communes Coeur de l’Avesnois.

Le Département du Nord, ce sont 140 000 repas distribués chaque jour dans les collèges (98 % d’entre eux sont impliqués dans la démarche de l’approvisionnement local), dans les EHPAD, les centres médico-sociaux. Pour Patrick Valois, son Vice-Président en charge de la ruralité et de l’environnement : “il faut lever les a priori comme le prix qui n’est pas plus cher. Je n’arrive pas à comprendre que cette démarche n’arrive pas dans les hôpitaux. Ça ne coûte rien. Ça serait bien que tout le monde, en l’occurrence l’Etat, s’y mette !”.

“On n’a pas de retour de ce que fait l’Etat”, regrette Marie-Sophie Lesnes qui souhaite que “l’Etat engage, lui aussi, ses structures dans cette démarche. Des structures comme les hôpitaux, les restaurants universitaires, l’administration, les centres pénitentiaires. “On aimerait que l’Etat vienne avec nous dans la danse et s’adjoigne à nos efforts pour pouvoir massifier et faire du bien à notre économie locale, à nos Agriculteurs et à toutes nos entreprises qui transforment et qui sont très importantes pour notre économie”.

 

Delphine Hernu