« J’entends la souffrance des usagers » - Région et SNCF à l’écoute des voyageurs

7 décembre 2022 à 11h05 par La rédaction

CANAL FM

La parole aux usagers du train lundi soir à Aulnoye-Aymeries, au Comité de desserte ferroviaire Lille-Orchies-Valenciennes-Etoile d’Aulnoye-Aymeries-Maubeuge-Jeumont-Avesnes-sur-Helpe-Hirson-Busigny-Saint-Quentin. En tribune, une huitaine de Représentants de la Région Hauts-de-France, de SNCF Réseau, Gares et Connexion, Service Voyageurs. Dans la salle, l’association Sur les Rails qui défend les usagers du train de Sambre Avesnois Thiérache, la CGT Cheminots et une huitaine d’usagers, pas plus, venus témoigner de leur détresse.

 

« Ma colère ne descend pas »

Laurent prend tous les jours le TER Aulnoye-Lille de 6h25 et le TER Lille-Aulnoye de 16h35. Il déplore « les retards réguliers et surtout les suppressions de trains ou les gros retards sans information aux usagers ».

 

Wahib est Professeur au Lycée Pierre et Marie Curie à Aulnoye-Aymeries. Il a exprimé sa souffrance, celle aussi de ses collègues. Il prend le TER Poirier-Université qui le fait arriver dans son établissement à 7h06, bien trop tôt avant les cours. Mais il y a les retards et les suppressions de trains, « mon Employeur perd patience ! » ; « Quand mon train n’arrive pas, je suis en détresse ! ça arrive deux fois par semaine » ; « le matin quand je me réveille, je ne sais pas si je vais arriver à l’heure ».

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Un trajet Aulnoye-Lille, 83 kms, « on met 2h05 au final au lieu de 60 minutes », s’agace l’un des Représentants de l’Association Sur les Rails qui détaille : 1h15 au lieu de 30 minutes, en bus affrété par la SNCF, de la gare d’Aulnoye-Aymeries, à celle de Valenciennes, puis 15 minutes d’attente en gare de Valenciennes, avant le départ du train pour Lille.

Un trajet Aulnoye-Jeumont, 20 kms, « c’est 60 minutes et le prix pareil, c’est le même prix ! », l’homme quitte la salle, écoeuré.

 

Deux élues venues de Genech prennent la parole : « Qu’est-ce qu’on répond aux collégiens, lycéens, salariés ? Les gens veulent juste savoir si leur train va passer (à Templeuve) » ; « J’ai besoin d’avoir des perspectives à donner aux usagers » ; « Ma colère ne descend pas, elle est celle de ceux qui prennent le train pour Lille et qui arrivent en retard à cause de failles ».

 

Sandrine fait Aulnoye-Aymeries-St-Amand-Les-Eaux : « depuis 2006, la situation se dégrade. Les étudiants prennent le train à Lille ou Valenciennes le dimanche après-midi (15h23 – 17h41), le train ne compte que 2 voitures, ils sont serrés comme des sardines ; parfois il ne s’arrête pas à Orchies. Moi, j’ai la chance d’avoir un plan B, j’ai une voiture, parce qu’il faut quelqu’un pour ouvrir la crèche aux parents. « On va vérifier en terme de comptage sur fréquentation des étudiants le dimanche soir », répond la SNCF.

 

« J’entends la souffrance des usagers »

« J’entends la souffrance des usagers qui n’ont pas le service auquel ils ont droit, que la Région paie et la Région n’a pas non plus le service qu’elle demande auprès de la SNCF. Il manque 65 Conducteurs aujourd’hui parce que la SNCF n’a pas recruté », Franck Dhersin, Vice-Président en charge des Transports à la Région Hauts-de-France.

Le Plan de Transport adapté mis sur les rails début novembre, a permis de diviser par plus de deux les motifs de suppressions de trains. « Sur la ligne Jeumont-Valenciennes, on a divisé par quatre le niveau de suppression, depuis la mise en place de ce Plan de Transport », explique Florent Martel, Directeur des Opérations du TER Hauts-de-France, tandis que Franck Dhersin rappelle que le Plan de Transport adapté, « c’est déjà la suppression de 135 trains par jour, donc effectivement, il y a moins de suppressions parce qu’ils en ont supprimés énormément ».

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La convention Région/SNCF est fixée à 1 250 trains, or aujourd’hui, il en manque entre 150 et 170 en moyenne tous les jours, déplore l’élu régional.

Un Plan de Transport adapté non-concerté, souligne Maxime Pol, Président de l’Association Sur les Rails qui veut être utile et qui se montre force de propositions : « il y a eu beaucoup de suppressions de trains en heures de pointe. On s’est battu pour avoir des trains en heures de pointe et on ne va rien lâcher ».

 

 

SNCF « Plan d’embauches sans précédent », de 800 personnes en deux ans

La SNCF Hauts-de-France manque de personnel de production et de personnel roulant (Conducteur et Contrôleur), une situation consécutive au coup d’arrêt des formations avec le Covid, explique-t-elle. Le plan d’embauches prévoit près de 800 personnes en deux ans, « ce n’est pas tout à fait un quart des effectifs des TER Hauts-de-France, c’est considérable », selon Florent Martel. Objectif 2022 : 440 Agents embauchés ; objectif 2023 : 350 Agents recrutés, embauchés.

Mais il faut du temps pour former un Conducteur et pas de rétablissement normal du service SNCF, avant septembre 2023.

 

L’information à l’usager

Des usagers mais aussi des Contrôleurs sans information pour justifier un retard ou une suppression de train ou encore des informations différentes selon le support de communication aux usagers, des situations récurrentes racontées par des usagers lundi soir en comité de desserte ferroviaire. La SNCF l’assure : « on a fait un travail sur le dispositif Information Voyageurs : smartphone, écran en gare, internet, c’est la même information ». LA SNCF qui souhaite ajouter, renforcer la parole du Contrôleur « qui rassure ».

 

Ecoutez en PodCast, le reportage tourné à l’issue du Comité de desserte ferroviaire Lille-Orchies-Valenciennes-Etoile d’Aulnoye-Aymeries

La Région Hauts-de-France engage 525 millions d’euros par an dans le fonctionnement du transport ferroviaire, c’est le plus gros budget, « pour un résultat qui n’est pas bon du tout », regrette Franck Dhersin. Elle achète et rénove du matériel, elle remplace les voies, alors que ça n’est pas de sa compétence, elle le fait à la place de l’Etat.

Depuis 2020, la Région Hauts-de-France demande un plan d’action efficace, important pour un service SNCF à la hauteur des attentes des usagers.

 

Delphine Hernu