Des mutations de professeurs loin du territoire, "alors que les besoins sont importants"
Publié : 28 mars 2025 à 9h57 par Thibaut Paquit
/medias/yfVRs1H2l6/image/448424894_1032936248414358_3230254794935358959_n17187079109031743151676131.webp)
Témoignages de plusieurs professeurs qui vivent mal la situation
Des professeurs soulignent les aberrations du système de mutations dans l’Éducation Nationale. Elle s’appelle Marion elle est professeur d’économie gestion option commerce et vente à Maubeuge. Vendredi dernier, elle a reçu une information comme quoi elle serait mutée à Versailles à la rentrée prochaine.
Alors cela arrive souvent ces mutations mais pour elle, il y a un problème Son seul vœu était de rester dans l’académie de Lille, proche de ses trois enfants et de son compagnon. Mais surtout, dans son établissement, six postes sont toujours vacants.
Le témoignage de Marion a fait écho à d'autres professeurs. Vincent vit la même situaiton depuis 4 ans maintenant. Enseignant titulaire depuis juin 2022, il a "dû participer au mouvement national pour choisir son affectation.
Alors qu’en local, il y a des postes à pouvoir, l’administration préfère mettre des enseignants contractuels et envoyer les enseignants titulaires en possession du concours loin de chez eux. C’est mon cas, depuis 09/2022 j’ai été muté à Chantilly alors que je réside à Maubeuge, j’y ai une vie privée - familiale - associative ….
Depuis cette période, Vincent est en dépression et en longue maladie.
"Quel intérêt de faire passer des concours pour ensuite être traiter de la sorte et que des contractuels passent avant ? Ayant passé mon concours à 42 ans, je ne voudrais devoir renoncer à tous les efforts pour un manque de logique …. Je n’ai toujours pas assez de points pour obtenir ma mutation pour la rentrée 2025 … Je prépare un 4ème recours consécutif au ministère avec mon syndicat. J’ai également écrit à notre président, son épouse, Xavier Bertrand (réponse reçue), la députée (action en cours), le médiateur de l’éducation nationale…
Caroline est une jeune maman de 33 ans, de deux enfants en bas âge. Mariée, elle vit du côté de Pont sur Sambre :
"Rentrée dans l'éducation nationale depuis 2016 au lycée Placide courtoy de Hautmont je passe mon concours en 2020 l'obtiens ( la seule dans l'académie de Lille et 5e de France ) . Je deviens titulaire en 2021 et depuis l'enfer . Mutation 3 années de suite sur l'académie d Amiens alors que l'établissement que je convoite ( Placide courtoy) compte aujourd'hui 6 postes vacants. Malgré mes points qui augmentent d'années en année ( cette année 833 points je n'arrive pas à revenir dans l'académie de Lille et suis mutée dans des établissements a plus de 4h de route par jour de chez moi. Notre barème de points cette année est 1770 points ...
Je suis aujourd'hui confrontée a ce dilemme délaisser ma famille pour m'occuper des enfants des autres, ne pas enseigner dans de bonnes conditions, ne pas être considérée alors que nous donnons tout pour notre métier qui est au départ une passion. Personne ne souhaite l'établissement que je convoite et je n'arrive pourtant pas à y revenir."
Des professeurs qui soulignent aussi des mutations venants des DOM TOM en Métropole "on a jamais vus ça". Le président de la Région Hauts de France a été sollicité pour répondre à ces interrogations. Le ministère de l'éducation n'a pas répondu pour le moment.
"Le président de la région, Xavier Bertrand soutient ma démarche et a demandé la révision de mon affectation auprès de la Ministre." souligne Marion.
Que répond le Rectorat ? Ils n'ont pas répondu officiellement à nos solliciations. C’est au niveau du ministère que se joue la question. Une problématique qui génère de nombreuses frustrations. Et même du côté des étudiants qui considère la profession comme peu attractive aujourd’hui. La ministre Elisabeth Borne a présenté dernièrement des leviers : le premier, développer des ouvertures de postes à profil avant que ce ne soit modifié le système de mobilité et d’affectation. Un changement qui serait prévu pour 2026.